La communauté internationale suit avec inquiétude l’évolution politique au Mali. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a lancé un appel ferme ce vendredi 17 mai aux autorités de transition maliennes, leur demandant d’annuler le décret signé le 13 mai 2025, lequel interdit toutes les activités politiques sur le territoire.
Ce décret, promulgué par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a officiellement dissous l’ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique. Il abroge également les lois qui garantissaient jusque-là leur reconnaissance légale. Cette décision marque une rupture brutale avec le cadre démocratique du pays et suscite de nombreuses réactions d’inquiétude tant au Mali qu’à l’étranger.
Dans un communiqué sans équivoque, Volker Türk a dénoncé cette mesure comme étant « draconienne » et en totale contradiction avec les engagements internationaux du Mali en matière de respect des droits humains. Il a rappelé que la liberté d’association et la participation à la vie politique sont des droits fondamentaux protégés par les instruments juridiques internationaux que le Mali a ratifiés. « Toute restriction de la participation politique doit être conforme aux obligations internationales du Mali en matière de droits humains », a-t-il insisté.
Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies (HCDH) a exprimé sa vive préoccupation quant aux conséquences de ce décret. En plus de museler l’opposition et d’étouffer le débat démocratique, cette décision s’accompagne d’une répression de plus en plus visible. Au moins trois figures de l’opposition malienne ont été arrêtées dans la foulée de manifestations pacifiques organisées pour dénoncer cette interdiction. Leur détention, dont les conditions restent floues, alimente un climat de peur et de méfiance dans le pays.
Ce tour de vis autoritaire intervient dans un contexte politique déjà tendu. Depuis le coup d’État militaire d’août 2020, les autorités de transition ont promis à plusieurs reprises un retour à l’ordre constitutionnel, mais les délais sans cesse repoussés et les actes de plus en plus répressifs suscitent le doute sur leur réelle volonté de restaurer la démocratie.
L’appel de l’ONU vient donc s’ajouter aux nombreuses voix, nationales et internationales, qui réclament le rétablissement des libertés politiques au Mali. La pression monte sur Bamako pour revenir sur cette décision controversée, dans l’espoir de préserver un minimum de dialogue et d’ouverture dans un pays en proie à une instabilité persistante.