Du côté de Bafoussam et des villages alentour, on s’inquiète déjà. Les prévisions météo pour mai, juin et juillet 2024 ne sont pas bonnes. La pluie pourrait se faire rare, avec 20 à 25 % de moins que d’habitude. “On espère que ça va changer, mais on n’est pas très confiants”, confie Joseph, planteur de manioc à Batié.
“Si la pluie ne vient pas, c’est la galère assurée”, soupire Paul, cultivateur près de Bafoussam. “On dépend de l’eau pour tout.”
Moins d’eau, cela veut dire des sols secs, des récoltes fragiles, des bêtes qui manquent de pâturage… bref, une grosse galère pour le monde rural. Certains redoutent aussi des pénuries d’eau potable. Même les barrages pourraient en souffrir, ce qui poserait un problème pour l’électricité.
Mais il y a des pistes. L’État et les ONG locales recommandent aux agriculteurs de miser sur des semences plus résistantes à la sécheresse ou d’installer des systèmes d’irrigation, quand c’est possible. “On n’a pas tous les moyens, mais on va essayer de s’adapter”, explique Jeanne, une productrice de maïs à Dschang.
D’autres techniques simples existent : le paillage, pour garder un peu d’humidité dans les sols, ou une utilisation plus responsable de l’eau dans les villages.
Dans les marchés de Dschang ou de Mbouda, le sujet est sur toutes les lèvres. “L’année dernière, on a déjà eu des récoltes moyennes… si ça recommence, on va droit dans le mur”, déplore Mireille, vendeuse de légumes. Certains paysans envisagent même de décaler leurs semis dans l’espoir d’attraper les rares averses qui tomberaient. Mais personne ne sait vraiment si la stratégie fonctionnera.
Autre conseil insolite : dans certaines zones où la poussière va voler avec les vents secs, il est même conseillé de porter un masque pour éviter les soucis respiratoires.
Au fond, tout le monde s’accorde : le climat devient de plus en plus imprévisible. “Avant, on savait quand planter, quand récolter. Aujourd’hui, plus rien n’est sûr”, raconte encore Paul, la mine sombre.
Il va donc falloir s’adapter, bricoler, et surtout s’entraider. “On n’a pas le choix. Si on attend, on perdra tout”, conclut Jeanne.