Bonne nouvelle venue de Bruxelles ! L’Union européenne envisage de repousser d’un an l’entrée en vigueur de son fameux Règlement sur la déforestation (RDUE), initialement prévue pour le 1er janvier 2026. Si tout se confirme, les exportateurs camerounais — et ceux de bien d’autres pays — auront jusqu’au 1er janvier 2027 pour se mettre en conformité. Et franchement, vu la complexité du dossier, ce délai supplémentaire tombe à point nommé.
Dans une lettre datée du 23 septembre 2025, la commissaire européenne à l’Environnement, Jessika Roswall, explique sobrement que la plateforme numérique censée traiter les milliers de déclarations de conformité n’est tout simplement pas prête à encaisser le choc. Trop de données, trop vite : même les systèmes les plus sophistiqués ont parfois besoin d’un petit coup de pouce… ou d’un an de plus.
Pour le Cameroun, ce possible report est une véritable aubaine. Certes, les autorités affirment que les filières cacao et café — les stars de l’export agro — sont déjà sur les starting-blocks, prêtes à prouver qu’elles ne viennent pas de zones déboisées illégalement. Mais avouons-le : quand on regarde du côté du bois ou du caoutchouc, c’est une autre paire de manches. Peu d’informations circulent, les systèmes de traçabilité restent embryonnaires, et les acteurs de ces secteurs sont encore en train de se familiariser avec les exigences très pointues de Bruxelles.
Quant à l’huile de palme, au soja ou au bœuf camerounais… disons que leur présence sur les étals européens relève presque de la légende urbaine. Leurs exportations vers l’UE sont si marginales qu’elles ne pèsent guère dans la balance — mais le règlement s’applique à tous les produits de la liste, qu’ils soient exportés en masse ou en miettes.
Ce sursis, s’il est officiellement adopté, ne doit pas devenir une excuse pour traîner des pieds. Au contraire : c’est une opportunité précieuse pour le Cameroun d’accélérer la mise en place de systèmes fiables de traçabilité, de renforcer le dialogue entre producteurs, exportateurs et autorités, et surtout, de valoriser durablement ses richesses naturelles sans sacrifier ses forêts.
Car au fond, derrière ce règlement européen, il n’y a pas seulement des contraintes administratives : il y a aussi une chance. Celle de construire une agriculture et une foresterie plus responsables, plus transparentes, et surtout, plus résilientes face aux exigences du marché mondial.
Alors, profitons de ce temps gagné — pas pour souffler, mais pour avancer. Parce qu’un cacao ou un arbre bien tracé, c’est aussi un avenir mieux protégé. 🌱