Imaginez un peu : au premier trimestre 2025, c’est une fève brune, humble et parfumée, qui fait danser les caisses de l’État camerounais. Oui, vous avez bien lu : le cacao, cette petite merveille cultivée avec amour par des milliers d’agriculteurs à travers le pays, vient de détrôner le pétrole comme première source de recettes d’exportation. Et pas qu’un peu !
Selon les derniers chiffres publiés par l’Institut national de la statistique (INS), le Cameroun a engrangé 1 118 milliards de FCFA en exportations entre janvier et mars 2025 — une hausse spectaculaire de 35,3 % par rapport à la même période en 2024. C’est la première fois depuis des années que le pays franchit allègrement la barre symbolique des 1 000 milliards en un seul trimestre. Et derrière cette performance étincelante ? Le cacao, bien sûr.
Avec 500,3 milliards de FCFA de recettes — soit près de 45 % du total — les fèves camerounaises ont littéralement illuminé les comptes extérieurs. Portées par une envolée des cours mondiaux amorcée dès 2023, elles ont cette fois-ci dépassé les hydrocarbures, ces habituels champions des devises. Le pétrole brut, pourtant longtemps incontournable, n’a rapporté « que » 212 milliards (19 %), tandis que le gaz naturel liquéfié s’est contenté de 122 milliards (10,9 %). On dirait presque que la terre camerounaise a décidé de rappeler au monde qu’elle recèle bien d’autres trésors que le noir liquide.
Mais ce n’est pas tout. Grâce à cette manne chocolatée, le Cameroun a réussi un véritable tour de force : réduire son déficit commercial de… 88 % ! Oui, vous avez bien lu : de 273 milliards de déficit au premier trimestre 2024, on est passé à seulement 32,7 milliards en 2025. C’est presque un miracle économique — ou plutôt, le fruit d’une conjoncture favorable et d’un secteur agricole qui, malgré les défis, continue de tenir le pays à flot.
Bien sûr, les analystes de l’INS tempèrent un peu l’enthousiasme : cette embellie est avant tout conjoncturelle, liée aux prix élevés sur les marchés internationaux, et non à une transformation structurelle de l’économie. Le volume des exportations n’a guère bougé — c’est surtout le prix qui a flambé. Autrement dit, ce n’est pas (encore) parce que les producteurs locaux ont doublé leur production ou conquis de nouveaux marchés… mais plutôt parce que le monde entier est soudain prêt à payer plus cher pour du bon cacao.
Et pourtant, derrière ces chiffres, il y a des visages. Ceux des paysans qui se lèvent à l’aube, bêche en main, pour entretenir leurs cacaoyers. Ceux des coopératives qui trient, fermentent, sèchent avec soin chaque fève. Ceux des entrepreneurs locaux qui rêvent de transformer sur place plutôt que d’exporter brut. Leur travail, souvent invisible, est aujourd’hui au cœur d’une belle page de l’histoire économique du Cameroun.
Alors, même si cette embellie ne suffira pas à tout régler — les importations continuent d’augmenter, et les défis structurels restent nombreux — elle offre un souffle d’espoir, une preuve que le pays peut compter sur ses richesses agricoles autant que sur ses ressources minières.
Et qui sait ? Peut-être que bientôt, quand on pensera « Cameroun », ce ne sera plus seulement au pétrole qu’on pensera… mais à ce cacao si fin, si riche, qui commence à faire briller les yeux — et les comptes — du pays. 🍫✨